La politique (société, Etat, religion)

Publié le par philodamas

La politique semble définir l'activité qui porte sur l'organisation de la société. A ce titre, doit-on considérer qu'elle est l'affaire de ses seuls spécialistes, ou bien est-elle l'affaire de tous ? Qui doit gouverner ? Comment définir le sujet politique ? Répondre à cette question supposerait d'élucider au préalable la nature et la finalité de l'action politique. Une telle démarche pourrait ainsi nous conduire au paradigme platonicien du philosophe-roi (1) : cependant, un tel modèle présuppose l'univocité de la notion de justice, quand celle-ci ne cesse d'être objet de dispute. En effet, s'il y a une relation essentielle de l'humain à la politique, que pourrait bien révéler notre commun désir de justice, il n'en demeure pas moins que la politique est une activité polémique : car nous différons souvent entre nous sur les valeurs qui devraient orienter l'organisation de notre société. Comme si l'accord sur la justice revendiquée par tous se doublait toujours d'un désaccord plus fondamental sur les critères de la justice (2). En ce sens, la communauté politique est à la fois une communauté de la mésentente sur la finalité de son ordre. La politique comme activité polémique dans le champ social révèle de cette façon plus que notre commune humanité, nos différences sociales et les conflits de position qui leurs sont attenants, dans une société où rapports de solidarité et de domination se conjuguent (3). Reste que, alors, l'institution politique que l'on appelle l'Etat, en charge officiellement d'organiser la société, devient enjeu de lutte. Considéré en fonction du dissensus politique né des rapports sociaux, comment l'Etat intervient-il dans le conflit social ? L'Etat ne pourrait-il par exemple concilier les revendications opposées, et ainsi résoudre le conflit politique par l'imposition d'un ordre commun de justice ? Est-ce là sa fonction ? Sinon, pourrait-ce le devenir ? (4) Dans le cas contraire en effet, on ne voit pas très bien ce qui pourrait abolir la communauté du dissensus sur les valeurs de l'organisation sociale. Cette abolition est-elle d'ailleurs désirable ? Face au risque d'effondrement social et en l'absence d'une régulation étatique réduisant ou régulant le dissensus, seule, peut-être, la religion pourrait alors maintenir la communauté politique : mais au prix d'un renversement contestable des valeurs de la vie juste dans l'espérance d'un au-delà (5).


  1. Le sujet de la politique
  2. La mésentente : justice et critères de justice
  3. La société en conflit : classes sociales et injustice
  4. L'Etat : instrument de classe ou solution au conflit ?
  5. La religion : une solution politique ?

 

Platon, La République

Aristote, Les Politiques I et IV

Aristote, Ethique à Nicomaque V

Ibn Khaldoun, Prolégomènes

Marx, Le Manifeste du Parti Communiste

Marx, Le Capital

Hobbes, Le Léviathan

Rousseau, Lettres écrites de la Montagne

Spinoza, Préface au Traité Théologico Politique

Marx, Introduction à la Critique de la philosophie du droit de Hegel

Publié dans Les introductions

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